Comment mieux vivre sa séparation en cernant les étapes du processus de séparation.
Lors de mon précédent article, je vous ai parlé des 5 étapes
clés lors du processus de séparation. Je continue cette exploration car je pense que cela vous permettra de mieux comprendre où vous en êtes dans votre propre chemin et de mieux reconnaître vos propres émotions pour tenter de mieux les maitriser. C'est aussi très rassurant de comprendre que ce que vous ressentez fait partie d'un processus normal.
1ere étape : un stress intérieur et des doutes renouvelés
J’ai longuement décris la 1ere étape qui
est celle du cheminement intérieur, celle des doutes et des questions. C’est
une période de grand stress psychologique car on hésite entre rester et partir.
On sent qu’il y a un décalage dans le couple mais on fait comme si tout allait
bien. Et pourtant on a du mal à se projeter dans un avenir commun, on aimerait
se détacher de notre compagnon dans le regard des autres, mais nous sommes
bloqués dans notre décision. Quitte même à attendre un signe extérieur qui
tarde à venir.
Le silence de celui qui se questionne intérieurement n’est pas à interpréter
comme une envie de faire mal mais plutôt comme le signe d’une bataille
intérieure dont il souhaite préserver son partenaire. C’est difficile à vivre
pour les deux.
On peut alors envisager 3
solutions :
-changer la dynamique de la
relation : en prenant des
résolutions importantes alors qu’on y croit plus. Par exemple on se marie pour
sauver son couple, on fait un enfant ou on s’investit à fond dans la rénovation
de la maison. C'est une solution très risquée car elle ne résout aucun des réels problèmes.
-changer son partenaire : on
a tendance à croire que c’est lui ou elle qui est à l’origine de nos
problèmes. Mais on se heurte à une différence de perception. Vous savez
pourquoi vous voulez le changer, lui ou elle ne comprend pas. On n’est pas
toujours clair sur ce qu’on dit à l’autre, sur ce qu’on attend de lui et
surtout pourquoi. Nos premières tentatives sont tellement timides, parce qu’on
se croit limpide comme de l’eau de roche alors qu’elles sont maladroites et qu’elles
passent inaperçues. Ça ne fait qu’amplifier notre décalage.
- se changer soi : on va
alors chercher ailleurs que dans le couple tout ce qui nous manque. On est
guidé par notre envie d’être heureux. Mais souvent au lieu de réfléchir
vraiment à ce qui nous définit, et à ce qu’est le bonheur pour nous, on se noie
dans un tourbillon de nouvelles activités dont nous excluons notre partenaire,
pour nous créer un jardin personnel où nous pouvons respirer. Cela pourrait
être une bonne idée mais le contraste entre notre bonne humeur à l’extérieur
fait ressortir le quotidien trop terne de la maison.
Que faire alors ? Selon
moi, la seule réelle solution à long terme est d’améliorer la communication
avec son partenaire. Il faut sortir du silence, de sa carapace pour faire
évoluer la situation avant qu’elle ne devienne explosive. Peut-être est-ce le
moment d’aller voir un psychologue, un conseiller conjugal. Parler à ses amis
de ses difficultés, c’est bien pour soi, mais parler au principal(e)
intéressé(e) c’est mieux pour le couple. Et ce sera la seule solution pour
sortir de l’impasse. Aucune garantie de succès mais en tout cas vous mettez
plus de chances de votre côté.
Après les hésitations, la 2 étape : l'annonce de la rupture
Si toutes les tentatives d’amélioration
de la relation ont échoué alors vient le temps d’annoncer la rupture à son
conjoint(e) .
Au bout d’un moment, très variable
pour chaque personne, le vase déborde et la décision s’impose à nous :
cette fois c’est la rupture. On en peut plus faire autrement que s’y résigner
ou on a peut-être enfin la capacité de s’assumer seul(e). Que les deux partenaires
partagent la même impression d’être allés au bout de la relation, ou que l’un
des deux découvre brutalement la situation, il n’y a aucun moyen d’échapper au
stress de cette annonce. C’est toujours un moment pénible pour les deux
partenaires. Au-moins peut-on préserver l’autre de notre
lâcheté et du risque de l’apprendre par une tierce personne, en lui annonçant nous-mêmes.
Quand on se sent en position de
force, par exemple parce que c’est nous qui avons pris la décision de partir,
il vaut mieux éviter d’alourdir la charge sur les épaules de l’autre en l’assenant
de reproches, même s’ils sont justifiés. D’une manière générale, il vaut mieux
parler en son nom et employer le « je ». Je l’ai déjà dis : le « tu »
tue. J’explique ce que je ressens, mes besoins, mes aspirations, mes déceptions
aussi. De toute façon chacun repartira avec un fort sentiment de culpabilité.
Coupable de ne pas avoir vu venir, de ne pas avoir su rendre son partenaire
heureux, coupable de quitter, coupable d’agir ainsi malgré…, coupable de briser
la famille.
On se trouve plongé dans un état
de stress important avec une forte sensation de vertige, de perte de contrôle
de sa vie. J’ai eu l’impression personnellement que le ciel me tombait sur la
tête, que tout ce en quoi je croyais s’était évaporé d’un seul coup, de ne plus
avoir de repères du tout. Le choc émotionnel lors de l’annonce de la fin d’un
couple est d’autant plus violent qu’on pense à toutes ses conséquences sur les enfants,
la famille, les amis, la maison, le travail... Quelquefois le choc est tel qu’on
refuse d’en entendre davantage, d’écouter. C’est une façon de se
préserver du trop plein d’émotions.
La peur panique de la séparation
peut conduire à nous faire accepter tout et n’importe quoi. On se remet en
cause personnellement et on se surveille comme le lait sur le feu pour plaire à tout prix à
son partenaire . Mais c’est un stress qui épuise nerveusement et qui
conduit forcément à l’échec donc aussi à une perte de de confiance en soi, à un
découragement voire à une déprime.
On peut essayer la solution d’une séparation provisoire, comme un temps de
respiration nécessaire à chacun pour digérer ses émotions. C’est dangereux car
chacun des partenaires peut prendre goût à l’aventure en solitaire, loin de
toute pression ou rencontrer quelqu’un d’autre. Mais ça peut marcher, en particulier si les deux conjoints se mettent bien d'accord sur les conditions de cette séparation provisoire et du retour à la vie commune.
J’ai déjà parlé lors d’un précédent article de la manière de l’annoncer à ses enfants, ensemble et dans un climat
apaisé. Ce n’est pas le moment de régler ses comptes. On parle en tant que
parents et non en tant que femme ni en tant qu’homme.
Comment gérer l'annonce à la famille ?
Dans les ouvrages consacrés au
sujet, peu parlent de l’annonce à la famille. Or c’est souvent un moment très
redouté, bien plus que l’annonce à ses collègues ou ses amis. Certains le
repoussent même jusqu’à son déménagement effectif. Il me semble important de
revenir sur l’annonce aux proches car la réaction de la famille conditionne
beaucoup la relation des ex-conjoints après la rupture.
Voici quelques craintes que nous
pouvons ressentir à ce moment-là :
- - on a peur de leur faire de la peine. Ils nous
voyaient sous notre meilleur jour et s’entendaient si bien avec notre compagnon !
- - on appréhende de se présenter en situation d’échec,
là où eux ont si bien réussi. On peut même se sentir honteux.
- - on a la crainte de les décevoir. Ils avaient mis
tant d’espoir en nous !
- - on appréhende de réactiver un conflit avec un
de nos frères ou sœurs à ce sujet, ou une compétition qui dure depuis notre enfance. « Ton frère a bien réussi, lui, à gérer
ses problèmes, comme d’habitude, et pas toi. »
-
- on a peur de leurs commentaires sur notre
façon de mener notre vie, ou leurs conseils et intrusions dans notre vie. Ceux-ci peuvent être très pesants au moment où nous sommes très émotifs.
Entre leur accompagnement sans
faille et leur condamnation sans appel, tout est possible. Par exemple mon père
a refusé de revoir mon ex-mari pendant de nombreuses années, celui de ma
cousine reçoit son ex-gendre mais refuse de croiser sa propre fille. La palette
de réactions de la famille est large mais teinte les relations entre ex de plus
ou moins de fluidité. S’entendre dire par exemple qu’"il était temps que
tu quittes ce vaurien" ne va pas dans le sens d’un apaisement des
relations. Je vous engage donc à faire le point sur la réaction de votre propre
famille, vos proches et d’examiner de quelle manière cela a pu détériorer vos
relations avec votre ex. Histoire de se réapproprier sa propre histoire…
Voilà quelques éléments pour
comprendre cette 2e étape clé du processus de séparation. On voit
que pour qu’elle ait lieu dans des conditions acceptables pour tous, il faut
reconnaitre sa propre part de responsabilité, essayer de comprendre son
conjoint(e) et accepter de faire les efforts nécessaires. Cela ne va donc pas de soi et demande du temps. Courage !
Et vous, quel est le point qui vous demande le plus d'efforts ? N'hésitez pas à laisser votre commentaire sous cet article, pour partager votre propre expérience avec la communauté des gens qui vivent la même chose que vous.
Je vous renvoie par ailleurs à la lecture de l’ouvrage
du professeur Christophe Fauré Le couple
brisé qui m’a inspiré cet article, si vous voulez en savoir davantage.
J'aborderai lors d’un
prochain article la façon dont nous gérons désormais la rupture consommée. Comment nous
faisons pour gérer la suite de notre séparation avec nos émotions actuelles ?
D’ici là, prenez bien soin de vous !
Céline